Réel : adjectif (une pierre bien réelle) ou substantif (le réel), provient du latin "res", qui signifie "chose". Est réel ce qui existe effectivement, ce qui produit des effets contraignants pour notre existence ou notre action, que nous le voulions ou non. Ce qui est réel n'est pas nécessairement un état des choses que je peux directement voir et toucher (c'est par exemple le cas des atomes). Mais il a toujours des effets observables, de façon plus ou moins directe (par exemple l'organisation du commerce mondial détermine ce que je peux acheter).
Cela oppose le réel à ce qui est illusoire ou fictif.
L'objet représenté par l'illusion n'existe pas hors de l'esprit qui est ainsi trompé, même si l'état d'illusion engendre des effets réels chez celui qui subit cette illusion. Par exemple je crois voir de l'eau dans un désert, là où il n'y a que du sable, et trompé par cette illusion, je cours pour étancher ma soif.
Une fiction (du latin "fingere", façonner) est l'objet d'une représentation inventée et modifiée à volonté par un esprit, sans contrainte du réel. Par exemple, dans l'imagination des enfants qui jouent à être un roi ou un cheval, "on dirait que…", ou du romancier qui crée son histoire…
Cependant, une fois codifiée et conçue en vue d'un usage commun, une fiction peut devenir une convention, dont les effets sont réels pour ceux qui l'adoptent : les enfants interagissent en jouant ; Sherlock Holmes est une réalité de la culture populaire ; un contrat, une monnaie ou une association, fictions au départ, deviennent réels en tant que conventions efficaces.
Idéal : l'idéal représente dans un être unique l'accomplissement parfait d'une idée de la raison. En effet, notre pensée sait aller et venir entre le général et l'abstrait d'un côté, et l'individuel et le concret de l'autre. Notre pensée peut partir des phénomènes sensibles pour former des concepts abstraits. Par exemple de telle et telle étoile observée dans le ciel, nous passons à un unique concept d'étoile en général dans la pensée. C'est ce que l'on appelle des concepts de l'entendement.
Mais les concepts de la raison, ou Idées (avec une majuscule, on les appelle aussi Idées platoniciennes) correspondent à une autre démarche de la pensée. Dans les Idées, notre pensée conçoit dès le départ des êtres si parfaits, si absolus et abstraits, qu'aucun être ne peut pleinement leur correspondre dans l'ensemble de toutes nos expériences sensibles.
Les mathématiques offrent le modèle d'entités qui n'existent parfaitement qu' en idée, dans la pensée : seul le cercle mathématique tel qu'il est défini par la pensée, en idée, est parfait, de lui seul sont absolument vraies les propriétés géométriques du cercle, tous les cercles que l'on peut tracer matériellement ayant des imperfections.
Il est facile mais aussi erroné de reprocher à l'idéal d'être irréel. Car en vérité, l'idéal est très réel en ce qu'il exerce des effets puissants sur les réalités de l'expérience, dès que ces réalités dépendent de la pensée humaine. Comme c'est le cas en morale ou en politique.
Dans la recherche scientifique, technique et esthétique, on peut désirer trouver le modèle idéal ou la formule idéale d'un type d'être. On peut en proposer alors une représentation concrète : elle n'a qu'un caractère approché, mais elle est justifiée par un système rationnel : c'est le cas pour L'Homme de Vitruve de Léonard de Vinci.
En effet l'idéal sert à mesurer et critiquer l'écart de ces réalités de l'expérience avec un étalon de perfection. L'idéal sert aussi de modèle sur lequel prendre exemple pour progresser vers la perfection. L'analyse peut discerner quelles sont les conditions à remplir qui nous séparent de l'idéal, ou au contraire nous en rapprochent.
Justice idéale et justice réelle
De même, jamais on ne rencontre la justice absolue dans toute la diversité des actes justes ou des personnes justes. Car ces actes ou ces personnes que l'on rencontre réellement sont de fait plus ou moins justes, mais jamais ils ne le sont parfaitement. Notre raison forme alors l'idéal abstrait d'une personne individuelle qui réaliserait entièrement en elle cette perfection : Le (ou La) Juste, avec une majuscule.
Réflexion :
Est-il réaliste de viser la perfection idéale ?
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